Des vers au dîner Une assiette de larves comme repas

Le plaisir du jour : Dénicher et consommer des vers blancs dans la forêt camerounaise

L‘accueil comme toujours avait été touchant. En arrivant à pied sur le site du programme qu’Awely, l’ONG de conservation des espèces que j’ai créé en 2005, coordonne au Cameroun, on se vit remettre deux spécialités culinaires locales. Du poisson séché, mais aussi une pleine casserole de vers blancs, des larves de charançon du palmier (Rhynchophorus ferrugineus).

Je souris et m’en réjouis, tant j’aspirais depuis quelques années venir au bon moment de l’année pour y goûter. Nous offrons cependant ce cadeau à notre équipe et envisageons d’aller quelques jours plus tard en forêt pour en dénicher de nouvelles.

Ainsi, un matin, accompagnés de Donald, de Casimir, de son épouse et d’une de ses amies, nous nous mettons en marche. Il fait chaud, et nous ne tardons pas à transpirer dans nos vêtements et nos bottes. Le sentier est humide est glissant. Autour de nous, la forêt laisse par endroit peu de place à la lumière. On s’arrête parfois pour admirer le passage d’une énorme colonie de fourmis. On ne tarde pas, tant on regrette immédiatement quand un individu se glisse dans une botte. Une morsure fait aussi mal qu’une piqure de guêpes.

Fourmis sur le chemin
Fourmis sur le chemin

Au bout de deux heures environ, nous parvenons dans une zone de forêt plus dense, mais aussi bien plus humide. Le sol est détrempé et nos bottes par endroit s’enfoncent dans l’eau. Je transpire à grosse gouttes que je sens dévaler le long de ma colonne vertébrale. Notre petite équipe progresse plus difficilement dans cet environnement. Il faut se frayer un chemin à la machette et éviter les grosses épines de plusieurs végétaux très présents sur le site. Nous progressons lentement et difficilement jusqu’à apercevoir les arbres que nous recherchons : les palmiers raphia (Raphia vinifera).

C’est dans ces arbres, lorsqu’ils sont malades, que les Charançon des palmiers (Rhynchophorus phoenicis) pondent leurs oeufs. Les larves grandissent ensuite en se nourrissant du bois des branches et du tronc, conduisant l’arbre à la mort. Elles font des ravages dans les plantations agro-industrielles.

Abattre un raphia pour y dénicher les vers blancs

Nos amis discutent un moment afin de sélectionner l’arbre à abattre. Une fois fait, ils rassemblent leurs forces et font tomber le tronc lourd sur une partie du sol à peu près sèche. Le tronc entre les jambes, Casimir entame le bois à coup de machette et les premières larves apparaissent. Grosses, bien jaunes, elles cherchent à fuir le danger en gagnent des parties du plus profondes du tronc. D’un geste habitué, son épouse glisse ses doigts dans le bois pour les saisir une à une. Elle peste contre Casimir dont les gestes parfois peu assurés mettent des larves en pièces.

Découpe du tronc
Découpe du tronc

Une fois le tronc vide de ses habitants, nos amis s’attaquent aux branches. Elles sont découpées plus ou moins délicatement et libérées des larves qui s’agitent alors dans le seau. L’opération prend deux bonnes heures ponctuées de rire et des propos pas toujours très clairs de Casimir pour qui le vin de palme semble faire effet.

Les vers blancs apparaissent dans le bois
Les vers blancs apparaissent dans le bois

Le soir, dans la cuisine de notre petite maison dans la forêt à Doumo école, Marie notre cuisinière prépare le festin. Elle ouvre d’abords les larves une à une, puis les plongent dans l’eau bouillante. Elle coupe en parallèle des tomates, des oignons et du persil et mélange ensuite le tout avec un peu d’eau au fond et pose la casserole sur le gaz.

Préparation en cuisine avec herbes, oignons et tomates
Préparation en cuisine avec herbes, oignons et tomates

Une petite demie-heure plus tard, nous dégustons nos vers blancs accompagnés de plantain. C’est assez bon, assez proche peut-être du poulet et nous ne regrettons en rien cette super balade en forêt à leur recherche.

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