Péninsule Valdès, un de mes incontournables sur Terre Baleines, otaries, orques et manchots...

Au sud-est de l’argentine, en patagonie, se trouve un autre de mes INCONTOURNABLES sur terre. 

L’Amérique du Sud foisonne de sites incontournables, et je ne manquerai pas d’y revenir. Il y a cependant parmi eux des lieux où je poserais bien mes valises quelques mois. La péninsule Valdès et ses baleines en est un.

Déclarée en 1999 par l’Unesco, patrimoine mondial de l’humanité, cette péninsule appartient à la province de Chubut et est reliée au continent par une étroite bande de terre de cinq kilomètres de long, l’isthme Carlos Ameghino. Elle est située à un peu plus de 1000 kilomètres de Buenos-Aires et à 61 km au nord de Rawson, la capitale provinciale.

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La porte d’entrée est l’agréable ville de Puerto Madryn. Nous l’avions rejoint en car courant août, venant de Punta Arenas en Patagonie chilienne. Je n’oublierais jamais la vue de l’océan depuis une rue du centre ville, encore assez éloignée de la plage. Une masse noire se détachait dans le bleu de l’eau. Elle apparaissait puis disparaissait d’une manière irrégulière. Elle dépassait de peu la surface, ne laissant deviner qu’une petite partie de son corps énorme. Une seconde forme presque identique apparut, puis une troisième. Nous étions là pour cela, mais je n’imaginais pas que le spectacle soit à ce point facile d’accès, ni que les acteurs soient présents aussi près, et en aussi grand nombre. En débouchant sur la plage, nous avions une vue d’ensemble du Golfo Nuovo et les taches noires plus ou moins sorties de l’eau apparaissaient maintenant par intermittence, à plus d’une dizaine d’endroits. Assis sur le sable, je ne savais plus où regarder. J’étais  stupéfait, émerveillé !

Même quand on sait à quoi s’attendre, la nature peut nous surprendre et nous éblouir encore. Là devant nous, parfois seulement à quelques mètres de nos pieds, plus d’un millier de baleines franches australes (Eubalaena australis) évoluaient librement.

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Sur la plage de Puerto-Madryn, les baleines franches les plus proches évoluent à quelques mètres seulement de nous

Ces magnifiques mammifères marins sont les plus grands animaux de la planète. Ils mesurent de 14 à 15 mètres et pèsent de 30 à 50 tonnes. Durant l’hiver (on est dans l’hémisphère sud, les saisons sont inversées, l’hiver correspondant à notre été) elles viennent profiter des eaux calmes du Golfe pour s’accoupler et mettre bas. D’autres groupes cependant peuvent remonter jusqu’aux côtes brésiliennes ou fréquenter la région de Madagascar ou du Mozambique.

Leurs mouvements sont en fait souvent les parades de séduction des mâles et les signes de refus de certaines femelles. La gestation durant un an, les femelles pleines reviendront l’année suivante afin de mettre au monde un baleineau qui, dès sa naissance, pèsera déjà entre deux et trois tonnes. Cet environnement est propice aux petits lors de l’apprentissage de la respiration. Une année durant, la mère va s’occuper de son baleineau qui, au cours du premier mois, tétera plus d’une centaine de litres de lait par jour. À partir du mois de septembre, les baleines quitteront peu à peu la zone pour rejoindre leur aire de nourrissage, dans les eaux de l’Antarctique riches du krill qui compose leur alimentation.

Caractéristiques des baleines franches, les sauts pourraient être notamment un moyen de communication

Vous pourrez les observer à marée haute, depuis l’observatoire de Punta Flecha, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Puerto Madryn. Si vous souhaitez cependant les voir de plus près, embarquez à Puerto Pirámides. Ces excursions très réglementées sont limitées à 1h30. Aucun risque que vous passiez ce temps avec les jumelles dans l’espoir d’en voir une, les baleines sont partout et vous pourrez presque les toucher, tant par curiosité elles s’approchent des bateaux.

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À bord d’un des bateaux, vous approcherez les baleines à presque les toucher

Si les baleines franches devraient déjà vous inciter à faire un détour, elles ne sont pas le seul intérêt de cette région. Kike, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux des otaries, et avec qui je communiquais dans le cadre de mon travail sur la conservation des espèces, avaient eu la gentillesse de nous prêter sa voiture. Avec elle, nous avons pu explorer l’ensemble de la péninsule et de ses abords. Vous pouvez passer par un tour operator, mais serez bien plus libres avec un véhicule de location, même si vous évoluerez sur une route non goudronnée. L’entrée du parc est à 77 kilomètres de Puerto Madryn. La végétation y est extrêmement pauvre et y prédomine le Jarilla. On dit de cette région qu’elle est sèche et monotone avec une faune peu diversifiée, caractéristique des plateaux patagons. J’apprécie pourtant vraiment ces paysages de fin du monde. En détournant votre regard du bord de mer, vous pourrez apercevoir deux salines, nommées  Salina chica et Salina grande, toutes deux situées sous le niveau de la mer. Salina grande est, avec une altitude de -70 m, le point le plus bas du pays, mais aussi le deuxième point le plus bas du continent Américain, après la vallée de la mort aux États Unis.

Et si vous êtes observateur et que vous prenez votre temps, vous pourrez y voir entre autres des guanacos (Lama guanicoe) ; des nandous d’Amérique (Rhea americana) ; des maras de Patagonie (Dolichotis patagonum), un rongeur proche du cobaye en bien plus gros ; de grands tatous velus ou peludos (Chaetophractus villosus) ; le  zorro gris ou renard gris d’Argentine (Lycalopex griseus) et plusieurs espèces d’oiseaux.

Guanacos- (Lama Guanicoe) Peninsula Valdez, Chubut,Patagonia ,Argentina
Guanacos (Lama Guanicoe) de la péninsule Valdès – © Federico R. Grosso
armadillo close up portrait in patagonia
Tatou velu (Chaetophractus villosus) – © Andrea Izzotti

Si vous faites le tour par le sud, vous verrez à Punta Delgada des éléphants de mer (Mirounga leonina), même s’ils n’y sont pas toujours très nombreux. Si c’est le cas, vous aurez plus de chances à Punta Norte où les colonies sont généralement immenses. Les éléphants de mer s’observent également au sud de la Péninsule, à Punta Léon.

Ces derniers, dont les mâles peuvent dépasser six mètres et peser plus de quatre tonnes, ressemblent à d’énormes limaces échouées sur les plages de galets. Seuls les mâles portent une trompe entièrement développée à l’âge de 8 ans.  Ces animaux étonnants peuvent nager jusqu’à 1500 mètres de profondeur durant plus de deux heures, se déplaçant dans l’eau sombre grâce à leurs grands yeux capables de capturer la faible lumière.

Ils se nourrissent en haute mer et en profondeur la majeure partie de l’année, ne passant sur ces plages sans se nourrir, que le temps de muer et de s’accoupler. Afin de dominer leur groupe et de devenir l’individu Alpha, les mâles peuvent combattre violemment.  Il n’est alors pas rare de les voir couvert de sang et de cicatrices, en particulier sur le cou, là où leur adversaire a mordu.


La Péninsule Valdès est un lieux exceptionnel pour observer les otaries à crinière (Otaria flavescens). Vous les verrez du bord lors de votre balade en voiture, mais n’hésitez surtout pas à louer un kayak pour vous perdre parmi elles. Elles sont tellement curieuses, les jeunes en particulier, qu’elles viendront jouer autour de votre embarcation. Des agences proposent également la possibilité de plonger avec elles.

Si vous êtes sur place entre février et avril, vous aurez sans doute la chance d’observer les orques (Orcinus orca) sur la partie nord de la péninsule, à Caleta Valdès en février et mars ou Punta Norte en mars et avril. C’est là qu’à marée basse, ce super-prédateur se jette à une vitesse pouvant atteindre 65 km/h sur les plages de galets afin d’y attraper les otaries dont il se nourrit.

Les jeunes otaries, encore maladroites, sont les victimes idéales des orques (Orcinus orca) malgré la surveillance de la mère

Et puis 170 kilomètres plus au sud, à Punta Tombo, la fin septembre ou le début d’octobre voit arriver la plus grande colonie de manchots de Magellan au monde (Spheniscus Magallanes). Ils peuvent être tenez-vous bien, près d’un million !!!

Bon, mais j’ai bien dit manchots, pas pingouins ! Il est vrai que les anglophones nommant notre manchot penguin (puis pingüino en Espagnol, pinguin en Allemand, pinguino en Italien et j’en passe…) cela ne nous facilite pas la tâche. Cela entretient aussi une confusion bien ancrée, même dans les médias comme dans certains livres et films. Oui oui, les pingouins du film d’animation Madagascar sont des manchots !!


Alors un aparté pour bien s’entendre.

Que caractérise chacune de ces deux espèces si différentes ?

Le pingouin

Il s’agit d’un oiseau de la famille des Alcidés. Il ne reste qu’une seule espèce vivante, le petit pingouin ou pingouin torda (Alca torda), depuis la disparition du grand pingouin (Alca impennisau milieu du XIXe siècle. Ce dernier était incapable de voler, mais le petit pingouin encore présent dans l’hémisphère nord lui, vole ! On peut donc voir des pingouins en Bretagne par exemple, mais si vous croyez apercevoir un manchot sur nos côtes, c’est que vous avez besoin de lunettes ou d’une bonne nuit de sommeil.

Bon et pour que justement il n’y ait pas de malentendu, voici donc un pingouin.

Pingouin (Alca torda)

LE MANCHOT

Il s’agit aussi d’un oiseau, aucun doute la dessus ! Cependant leur ordre est celui des Sphénisciformes avec 18 espèces distinctes. Surtout, les manchots ne volent pas, et vivent uniquement à l’opposé des pingouins, c’est à dire dans l’hémisphère sud, comme en Patagonie argentine.

Alors récapitulons 
– Pingouin : oiseau volant vivant dans l’hémisphère nord
– Manchot : oiseau incapable de voler vivant dans l’hémisphère sud

C’est bien compris ?
June, ma fille de six ans vous reprendra si vous vous trompez !

Manchots de Magellan (Spheniscus magellanicus)

Alors voilà, vous comprenez j’imagine à présent beaucoup mieux pourquoi je considère la région de la péninsule Valdès comme un site incontournable. Plus que cela même, elle vaut d’après moi un voyage depuis la France à elle seule. Le plus difficile, c’est de choisir la période car les animaux ne sont évidemment pas tous présents en même temps

Formalités

C’est vraiment simple. Il ne vous faut qu’un passeport français, belge ou suisse avec validité sur toute la durée du séjour. Il ne vous faudra un visa que si vous souhaitez rester plus de trois mois.

Quand s’y rendre ?

Pour cela, jetez simplement un oeil au tableau ci-dessous. Évitez la période estivale de janvier et février, envahie par les touristes qui abondent sur les plages et dans la péninsule. Il peut aussi y faire très chaud, parfois plus de 40°.

Calendrier
© argentina-excepcion.com

Décalage horaire : – 4 heures

Durée de vol depuis Paris : 14 heures pour Buenos Aires

Comment s’y rendre ?

En avion depuis Buenos-Aires, vous rejoindrez Puerto Madryn (ou plutôt Trelew à 55 kilomètres) sans difficulté. Il y a un ou deux vols quotidiens d’1h55 pour environ 50€ aller. Un vol quotidien arrive également d’Ushuaïa. Ce n’est pas le moyen le plus facile de vous rendre dans la région puisqu’une fois arrivé, et bien vous n’êtes pas encore arrivé ! Vous pouvez louer un véhicule, c’est encore l plus simple, que vous ramènerez à l’aéroport lors de votre retour.

En bus, depuis Buenos Aires il vous faudra juste être patient pour parcourir les 1380 kilomètres qui séparent la capitale de Puerto Madryn. Comptez 18 à 20 heures. Les billets peuvent s’acheter à la gare du Retiro ou à l’avance sur ce site, où figurent également les horaires.

SANTÉ

L’Institut Pasteur recommande fortement la vaccination contre la fièvre jaune (elle est simplement nécessaire dès que vous commencez à voyager hors de nos frontières) et celle de l’hépatite A. Voir les détails et les autres vaccinations suggérées ici.

Argent

En Argentine, et bien sûr dans la région de Puerto Madryn, vous trouverez toutes les facilités pour changer et retirer de l’argent.  Par contre, s’il est possible de voyager à moindre coût, vous dépenserez toujours bien plus que dans la plupart des autres pays d’Amérique du Sud, à l’exception du Chili. Sur le site suivant, vous pourrez calculer le coût de votre séjour en fonction de votre budget et de vos souhaits. C’est ici.

¡Buen viaje!

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