La montagne aux sept couleurs Randonnée sur la montagne Vinicunca

révéléE au grand public fin 2015, LA montagne aux sept couleurs est, en peu de temps, devenue une destination incontournable, mais aussi risquée !

Les couleurs vives de ces montagnes réparties en couches successives, sont le fruit de l’accumulation de plusieurs couches de sédiments. Un phénomène qui s’est produit sur des milliers d’années. C’est l’oxyde de fer qui donne la couleur rouge prédominante, le sulfate de cuivre qui donne le vert ou encore le souffre pour le jaune.

Comment s’y rendre ?

Parvenir au sommet et avoir le souffle coupé (dans les deux sens du terme) se mérite cependant. Toutes les agences de Cusco proposent aujourd’hui l’excursion pour un tarif allant d’environ 25 à 50€ pour la journée complète tout compris (transport, repas, guide et billet d’entrée). Il vous faudra bien sûr débourser davantage si vous souhaitez un véhicule privé, ce qui vaut largement la peine si vous souhaitez réaliser l’ascension avec un guide personnel.

Vous pouvez sinon choisir une agence, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car la plupart d’entre elles se regroupent en un car de transport unique, en particulier en dehors des mois de juin, juillet et août.

ATTENTION, cela signifie que le but des agences, c’est d’avoir le maximum de clients à un prix attractif et c’est forcément au détriment de la qualité des prestations, mais surtout, de votre sécurité.

Gardez en tête que la balade N’EST PAS à la portée de tout le monde. Les conditions climatiques en montagne sont changeantes et vous pouvez marcher sous des averses ou de la grêle du début à la fin, comme ne pas voir un nuage. N’oubliez pas aussi qu’on marche difficilement à 4000, et à fortiori à 5000 m d’altitude. Ainsi, ne partez pas si le bulletin météo est mauvais. Ce trek pourrait bien sinon être le pire souvenir de votre vie. J’ai vu des touristes monter en chaussures de ville ou juste habillé d’un pull, c’est totalement inconscient !

Aussi, ne tentez en aucun cas cette ascension si vous n’avez pas eu au préalable deux à trois jours au moins d’acclimatation à Cusco.

Réveillé à 2h45, j’attends une demi-heure plus tard mon bus dans une ruelle déserte et partiellement éclairée de Cusco. Un poivrot fait son apparition. Il progresse lentement d’un pas hésitant. Après une vingtaine de minutes, je suis installé sur le siège inconfortable d’un car peu rempli qui file dans la nuit. Il s’arrête deux fois afin des récupérer des passagers, puis s’immobilise longuement sur le parking d’une station-service. Je donnerais ma montre pour un bon café. Une trentaine de minutes plus tard, un petit bus bondé s’arrête près de nous. Il déverse ses passagers qui viennent s’installer à bord du nôtre avant de se remette en marche, direction le sud-est.

Au bout de deux heures environ, nous nous arrêtons dans le petit village de Pitumarca, à 3560 mètres d’altitude. Dans une grande pièce ouverte sur l’extérieur, le couvert est mis sur plusieurs longues tables bordées de bancs. On nous sert un petit-déjeuner : café, thé, fruits et un pancake par personne. En ce mois de janvier il y fait doux, mais le ciel est gris, menaçant par endroit.

La route qui mène ensuite à notre destination est désormais une piste. Peu à peu, nous prenons de l’altitude et le paysage qui s’offre à nous devient de plus en plus beau, je prends des photos à travers la vitre.

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Les paysages traversés sont splendides

Il m’arrive de serrer les dents, tant les roues de notre véhicule lèchent parfois le bord du chemin plongeant directement dans la vallée.

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Dans le bus qui vous mène au départ, installez vous à droite, et profitez du paysage

Sur le parking à l’arrivée, les bus se garent en une longue rangée. Une quinzaine de petites échoppes tenues par des femmes en poncho et chapeau proposent des sodas, de l’eau, des barres chocolatées et quelques souvenirs. Notre guide fait son briefing. L’allure est libre et ceux qui le souhaitent peuvent faire l’ascension, et éventuellement la descente, à dos de cheval, moyennant quelques soles en plus.

La randonnée débute par le passage au contrôle, où sont vérifiés et pointés les billets. Je progresse au milieu d’un paysage vierge de toute végétation, nous sommes déjà à plus de 4200m d’altitude. Le sentier longe la rivière, mes pieds évitent les cailloux instables et la boue, épaisse par endroit en cette période où la pluie tombe chaque jour ou presque. Derrière moi, une longue file de marcheurs, certains avec des bâtons, s’étire à perte de vue.

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Derrière moi, la longue file des marcheurs essoufflés

Je regarde où je marche, levant la tête par moment pour admirer le paysage et visualiser l’arrivée. Malgré l’altitude il faut chaud, je retire mon blouson et mes gants. Parfois un cheval monté d’un touriste me double. Les dernières centaines de mètres sont plus raides, les touristes fatigués doivent laisser leurs chevaux et finir à pied.

Attention une fois encore. J’insiste sur le fait qu’il s’agit d’un trek très difficile, en aucun cas d’un simple sortie d’un jour.

Au sommet de l’ultime petite colline, le paysage devant moi est époustouflant. Par ses couleurs bien sûr, mais aussi par son étendue et les courbes morcelées des montagnes environnantes.  Le ciel est couvert, mais se dégage quelques fois, laissant pénétrer la lumière du soleil qui ravive alors les couleurs en un véritable arc-en-ciel. Il reste quelques minutes de marche pour rejoindre le point culminant, à 5000 mètres d’altitude, d’où la vue est plus belle encore.

En aucun cas, les couleurs ne ressemblent à celles que vous pouvez trouver sur Instagram. Les photos retouchées et filtrées sont nombreuses et absolument pas révélatrices de la réalité.

Il m’a fallu 1h20 pour arriver là, et nous sommes à un tout petit peu plus de cinq kilomètres du parking. Ici encore, quelques villageois proposent boissons et barres chocolatés. Deux enfants trônent au sommet avec leur lama, espérant se faire prendre en photo pour un sol ou deux. Des poubelles sont disposées là pour vider les détritus de votre sac, bien mieux là que jetés sur le chemin.

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Au sommet de la montagne, vous aurez le souffle coupé, deux fois !

Je reste un bon moment assis à admirer le paysage, mais le vent se lève. La pluie fait son apparition. Je remets mon blouson et mes gants, et entame la descente en trottinant. C’est de la grêle à présent. Elle fouette mon visage et refroidie mon corps. Progresser devient par endroits difficile, tant le sol est gorgé d’eau et glissant. Je finie d’ailleurs par tomber malgré mes précautions, et termine les fesses dans la boue et les pieds trempés. Marchant plus vite et courant quand je le peux, j’arrive le tout premier au parking en une cinquantaine de minutes. Je suis épuisé et j’ai très mal à la tête. Je m’engouffre dans le bus où je ne mets pas longtemps à m’endormir. Les derniers arrivent plus de deux heures plus tard, le bus part alors aussitôt.

Sur la route du retour, nous faisons un nouvel arrêt pour un déjeuner tardif et parvenons à Cuzco vers 18 heures. Une journée bien longue pour un objectif qui sans conteste, en valait la peine !

Si vous souhaitiez pouvoir communiquer avec les représentants d’une agence avant de vous lancer et que votre Espagnol est un peu juste : Pérou Tours. Il s’agit d’une agence francophone de qualité, basée à Cusco.

N’oubliez surtout pas :
Les témoignages de randonneurs ayant vécu un enfer sont nombreux et doivent vous alerter sur la difficulté de ce trek. Une fois au sommet, la descente jusqu’au parking est (très) longue pour des organismes fatigués par la montée. J’en ai bavé, alors que je suis sportif et habitué aux treks en montagne. Le guide qui vous accompagne est souvent un gamin inexpérimenté, qui de surcroit est dans l’incapacité de rester avec chacun des touristes de son groupe. Vous serez donc plutôt livré(s) à vous-mêmes.

À emporter avec vous :

  • Blouson ou au moins coupe-vent,
  • de bonnes chaussures de marche, 
  • un bonnet ou casquette,
  • des gants,
  • des lunettes de soleil,
  • de la crème solaire,
  • un litre d’eau au moins,
  • des barres de céréales,
  • et éventuellement des bâtons pour faciliter votre marche.

 

4 comments

  • Merci pour ce récit passionnant, cet endroit semble fascinant. Nous nous rendons bientôt au Pérou pour deux semaines et ne manquerons pas de nous y rendre. Et merci pour votre site dans son ensemble, il est source d’inspiration.

    • Bonjour Lilam et merci pour ce très sympathique commentaire. Bon voyage au Pérou alors, et tenez-moi au courant.
      Renaud

  • Merci pour ce récit, on s’y croirait. J’ai lu ce bout de voyage, ce matin en prenant mon petit déjeuner et j’ai voyagé, par procuration à travers les photos, le texte, je me suis imaginée dans ce bus, gravir la montagne, parvenir au sommet au admirer la vue. Merci pour ce moment hors du temps, hors de mon quotidien. Un jour peut-être, ce sera l’inverse et je te raconterai un de mes périples.

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